Sometimes I rock, sometimes I roll.

Si vous suivez mon blog (ou ma vie) depuis longtemps, vous savez que mon poids, mon alimentation et ma santé sont des sujets que j'aborde très régulièrement puisqu'ils sont bien souvent au cœur de mes débats avec.. moi-même. A travers les 10 dernières années de ma vie j'ai été normale, puis moins. J'ai mangé sans compter, vécu sans mangé, mangé cachée, sans assumer, arrêté de bouger, ... J'ai touché le fond tellement souvent que j'en ai de la corne sous les pieds, j'ai essayé trop souvent de me relever, pas comme il fallait, pas assez bien accompagnée, pas surveillée. J'ai merdé un nombre incalculable de fois qui me fait penser que j'ai bien de la chance d'avoir la santé que j'ai aujourd'hui. Et heureusement j'ai aussi tenté des trucs pas trop stupides qui m'ont enfin aidée à avancer.

Comme je l'ai lu récemment, une fois que notre relation à la nourriture a perdu son aspect 'naturel', il est quasiment impossible d'y revenir. Jamais complètement, selon moi. La bouffe a enfilé un nouveau manteau qui est bien trop attaché à nos émotions pour qu'on puisse facilement lui retirer. Toutefois, je sais aujourd'hui qu'il n'est pas impossible de recréer un rapport différent à ce qu'on met dans notre assiette. Pour moi, c'est passé par deux étapes importantes :

1- Accepter que j'avais le contrôle.

Durant des années, j'ai vécu avec les TCA et j'ai petit à petit pris l'habitude que pendant que je faisais des crises d'hyperphagie je 'perdais le contrôle'. C'est vrai que c'est difficile d'expliquer aux gens que l'on continue à se faire du mal de la sorte. Alors on trouve cette formule toute laide et finalement bien trop fausse mais qui nous permet d'avoir un peu moins les gens (et notre culpabilité) sur le dos (j'ai dit un peu). Le souci c'est que cette phrase est bien trop proche de la réalité, sans pour autant la refléter, et que pour ma part, j'ai fini par le croire. Croire que non, je n'avais aucun contrôle sur mes crises, que les troubles prenaient les commandes de mon corps et que je n'étais que spectatrice impuissante de ces moments destructeurs. Que nenni. Quelle belle connerie. C'est tentant en effet de se dédouaner de la sorte, d'autant plus que ça n'est pas totalement faux non plus. Mais j'aime plutôt, aujourd'hui, voir ça d'une manière plus scientifique. La vie peut être une belle salope et ça créé tout plein de conflits dans nos petits cerveaux. Et quelles que soient les raisons qui nous ont poussé à nous jeter sur la bouffe pour se consoler, le résultat est le même. On la sent venir, on sait qu'elle arrive (mais on fait souvent genre "ouais non tout va bien je vais manger juste un ou deux gâteaux", "oui je te jure là je me fais plaisir mais ça veut pas dire que je fous tout en l'air attends, je sais ce que je fais quand même"), on finit par bouffer comme douze, on savoure si peu, et on regrette finalement si fort. On ressort de ces crises, censées nous consoler, encore plus détruits qu'avant. Et on s'émiette comme ça petit à petit... Et chaque fois un peu plus faible, chaque fois un peu plus persuadé que non, nous n'avons pas le contrôle sur ces putains de crises.
Moi, j'ai un jour décidé d'arrêter de me mentir. Au moins à moi. Pour les autres on verrait plus tard. J'ai continué à faire des crises, mais différentes. Avec le recul, je les appellerai des 'crises conscientes'. Je savais que j'allais manger parce que j'avais un besoin absurde de me faire du bien, un bien trop éphémère. Une fois que j'ai accepté que c'était une mécanique bien huilée, que tout était régulier, et que j'étais un des boulons, j'ai commencé à évoluer. J'ai appris à détecter ce qui pouvait déclencher l'envie de crise, j'ai cherché des aliments alternatifs à me fourrer dans le gosier pour limiter les dégâts, je me suis forcé à assumer les conséquences de mes actes mais aussi et surtout à les dédramatiser. Parce que c'était le seul moyen, avec beaucoup de temps et de travail sur l'image que j'avais de moi-même, de m'éloigner petit-à-petit de mes anciens démons...
Le parcours de chacun est unique, mais j'espère que ce paragraphe pourra faire écho, ne serait-ce que chez l'un d'entre vous.


2-Manger intelligent.

Cette étape est venue plus tard, et je suis encore en pleine découverte de l'univers de la diététique, mais quel univers merveilleux.
Quand on a effectivement perdu notre rapport sain à la nourriture, qu'on est incapable de manger sans réfléchir, analyser, sans assaisonner son plat avec les émotions du moment, et qu'on ne trouve pas le moyen de revenir en arrière, une bonne alternative est de transformer à nouveau notre manière de penser notre assiette. Arrêter de bouffer la rupture avec Kévin dans le pot de glace, et aller la chercher dans le temps et l'énergie dépensés dans la confection d'un petit plat équilibré dont on sera déjà très fier et qui, de plus, fera regretter à Kévin de nous avoir jeté comme une vieille chaussette. Bon, ok, je sors les gros stéréotypes là, mais vous voyez où je veux en venir.
Passer outre le plaisir de manger "parce que je m'empiffre de sucre et que mon cerveau va être content pendant environ 35 secondes" pour en arriver au plaisir de manger "parce que je sais exactement quels aliments j'ai ingéré, pour quelle raison, et le bien que chacun d'entre eux fera à mon corps et à mon esprit", c'est quand même vachement chouette. Pas évident, je vous l'accorde, mais chouette (hibouuu).
L'avantage c'est qu'avec Internet, c'est pas difficile de trouver les bonnes infos (à condition d'avoir un minimum de jugeote et de se renseigner intelligemment, hein). Et puis manger sainement, faut surtout pas croire que ça coûte les yeux de la tête ! C'est plus rentable que les trois crises d'hyperphagie par semaine (qui coûtent cher sur le coup, puis cher en médecins, psychologues, et estime de soi).

Alors je tiens à préciser que, sachant que ces sujets peuvent être très sensibles pour certains, je ne parle ici que de mon expérience personnelle. Je ne minimise pas vos batailles quotidiennes et je ne prétends pas avoir une solution universelle. Bon courage à ceux que cela concerne, de près ou de loin.


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