Lost.

On dit toujours que lorsque l'on perd quelqu'un ou quelque chose de précieux à nos yeux, il faut du temps pour faire son deuil. Seulement moi je n'y crois pas. Le deuil, c'est une légende, surement inventée pour rendre la mort d'un être cher un peu plus supportable.. Ce que je peux le plus rapprocher de cette idée c'est un certain stade que l'on atteint où on décide de continuer à vivre, où on comprend que tout n'est pas perdu et qu'il y a encore des bonnes choses à traverser, dans un futur proche ou lointain, et que ça vaudra le coup de s'être accroché. Mais jamais au grand jamais on arrivera à un stade meilleur que celui-là. C'est le mieux que l'on puisse faire. En réalité on ne dit jamais vraiment au revoir à quelqu'un qu'on aime, et c'est pour ça que ça fait si mal. Si seulement on pouvait réellement accepter le départ d'un proche et reprendre sa vie où on l'a arrêté, même si ça devait prendre du temps, la vie n'aurait aucun intérêt. Ce que je crois, moi, c'est que la famille est un rocher et que chaque membre y laisse une gravure, grande ou petite, belle ou hideuse, pour toujours. On vit tant qu'on est encore présent dans l'esprit des gens qui nous ont aimés, il parait.

Alors la vie continue, on "fait son deuil" et on continue à se battre et à avancer, on essaye d'aller là où certains n'auront jamais la chance de nous rejoindre. Mais ce que je pense, ce que je ressens, c'est qu'il y a toujours une partie de nous qui attend, et qui attendra pour toujours, et cette idée nous est tellement insupportable qu'on a beau la savoir vraie, on ne l'accepte jamais. Alors on attend. On attend quelque chose qui n'arrivera jamais, des retrouvailles, un dernier dialogue, un câlin, une preuve d'amour, un signe que tout ce qu'on fait n'est pas totalement inutile et que quelque part, un jour, on pourra enfin se retrouver et partager une dernière fois..

Maintenant que vous savez ça je peux vous expliquer pourquoi j'ai beau aimer ma vie, la chérir et faire au mieux pour qu'elle me rende toujours un peu plus fière, il y a des jours où tout s'écroule. Plus rien n'a de sens, plus rien ne va (merci Mylène). Comme un retour six ans en arrière, quand on m'a arraché un bout de moi et que j'ai dû réapprendre à vivre, à faire sans. Je ne comprends pas. Et surtout, je dois faire face à quelque chose de bien pire ; je dois affronter l'idée que le passé restera à sa place et que je ne pourrais plus jamais partager quoi que ce soit avec la personne qui m'a créée, aussi bien biologiquement que psychologiquement, et pour qui je fais tout ce que je fais. Je me bats pour rendre fier quelqu'un qui ne sera jamais plus fier de moi. Et chaque étape de ma vie, bonne ou mauvaise, me le renvoie dans la gueule un peu plus. Je ne pourrais jamais lui présenter l'amour de ma vie, je ne pourrais jamais lui demander conseil, ou lui montrer tout ce que je suis devenue pour et grâce à lui, je ne pourrais plus jamais l'entendre me dire qu'il m'aime et à quel point il est fier, je ne pourrais plus jamais avoir de père. Et ça, quand je m'en rends compte, ça fait mal. Et ça fera toujours mal.

Heureusement que j'ai mon frère, qui fait tant d'efforts pour combler ce vide énorme, qui a repris le travail là où papa l'avait laissé, et qui s'en sort plutôt bien. On partage un vide, et le double négatif devient un positif. Je t'aime Marc.

Heureusement j'ai ma mère, qui est la personne la plus forte et la plus extraordinaire, qui a une infinité de défauts et bien plus encore de qualités et qui donnerait chaque fibre de son être pour ses enfants.

Heureusement j'ai un amour en or qui me fait voir la possibilité d'un avenir heureux même dans les moments les plus sombres.

Heureusement j'ai des amis, dont la meilleure, qui rendent ma vie un peu plus belle chaque jour.

Commentaires

Articles les plus consultés