Bienvenue à toi, jeune PES.

Lundi, j'ai fait ma première pré-rentrée officielle en tant que maîtresse.
Alors oui, en fait j'avais déjà fait une visite de l'école le mardi d'avant et une première journée de pré-rentrée le vendredi, mais bon là c'était la pré-rentrée officielle, celle dont tout le monde entend parler à la télé, et surtout celle qui représentait le dernier jour de travail dans cette école avant que les élèves ne débarquent pour l'année.
Alors à quoi ça ressemble, la première pré-rentrée ? Et bien, franchement, à rien.
Arriver dans un nouvel établissement, ça veut dire qu'on te dit que t'as une réunion à telle heure dans la salle des profs, mais qu'on ne t'explique pas OU ELLE EST CETTE PUTAIN DE SALLE DES PROFS ? Est-ce que c'est la même salle que celle où on a mangé ? Ou bien celle avec les tables alignées à côté de la bibliothèque ? Non ? Ah, bon. Je chercherai alors hein.
Chaque nouvel élément est un combat. On te parle d'endroits que tu ne connais pas, mais aussi et surtout on t'envoie en pleine face tout le jargon du métier, et la directrice propose des choses en utilisant tout plein de sigles, et tes collègues expérimentés acquiescent tous, et toi tu es seule dans ta tête à te demander ce que tu fous là, et de quoi ils parlent, et pourquoi ils te parlent déjà de rencontre avec les parents alors que tu ne sais même pas si tu vas survivre jusqu'à la rentrée avec les élèves.. Alors tu sors de là déprimée et tu regagnes ta salle de classe. Là, devant cette salle vide, tu te demandes "et maintenant, je fais quoi ?" pendant qu'une fois te plus tes collègues s'affairent à préparer leur classe, leurs cours, leurs affichages, se mettent à l'aise dans leur coin bureau... Et tu en es toujours à te demander si tout ça c'est vrai, si cette salle est vraiment la tienne, si tu as le droit de décoller ce poster dégueulasse "The British Symbols" qui ne représente absolument pas l'idée que tu as de la langue anglaise dans ta tête. Et tu as tellement de choses en tête tout en n'ayant aucune idée de savoir par quoi commencer... Alors tu fais semblant d'organiser des papiers parce que quand les collègues passent devant ta salle de classe tu ne veux pas avoir l'air totalement dépassée...

C'est à ce moment que j'ai eu la chance, moi, jeune PES, d'avoir une collègue qui n'a pas encore tout à fait oublié ce que c'était que d'être nouvelle, d'être jetée dans le bain avec une formation qui ne te prépare aucunement à ce défilé d'émotions qu'est la première rentrée... Quelle chance j'ai eu !
"Comment tu vas ? Tu t'en sors ? T'as besoin d'aide ?" OMG OUIIII.
On nous répète souvent qu'être enseignant c'est surtout faire partie d'une équipe pédagogique. Là, j'ai bien senti l'esprit d'équipe. Merci collègue ! (Je ne parlerai pas de cette collègue à qui j'ai fait part de mes doutes et qui m'a répondu "ah oui mince, mais là je sais pas quoi te dire...")
La journée s'est terminée comme elle avait commencé, avec un cerveau qui tourne à 200 à l'heure et sans trop savoir quoi en penser. Mais demain c'est parti, demain c'est la rentrée.

MARDI est arrivé bien vite. Le meilleur moyen d'y survivre, c'était de débrancher le cerveau jusqu'à se retrouver seule face aux élèves, et là, on avisera. Et c'est ce que j'ai fait.
J'ai donc accueilli mes élèves avec ma binôme (avec qui je partage le mi-temps), pas le temps de réfléchir, on s'installe, on fait l'appel, on prépare le matériel, les cahiers, les mots dans le carnet de liaison, ... et le temps passe vite. On les accompagne jusqu'à la cour de récré et là, on prend le temps de débriefer un peu.
Ca y est, c'est fait, j'ai écrit mon nom au tableau et la date en haut à gauche. J'ai dit "ET EN SILENCE" après leur avoir demandé de sortir un cahier. J'ai demandé quelles étaient les règles de vie à l'école et pourquoi c'est important. Bref, j'ai enfilé mon costume de maîtresse pour la première fois de ma vie.
Pas le temps de traîner, je dois rentrer chez moi et préparer mes trois premiers jours en responsabilité, les trois premiers jours où la classe devient ma classe, les élèves deviennent mes élèves.

Mercredi, jeudi et vendredi, j'ai donc remis mon costume et j'ai enseigné la poésie, les maths, les sciences, l'histoire, l'anglais.. Oh combien brouillons, j'ai quand même adoré ces jours de classe. On retrouve cette ambiance qu'on aimait tant (j'ai toujours adoré l'école, pas forcément la classe ni les profs, mais l'école oui) sauf que cette fois-ci c'est nous qui sommes les seuls maîtres à bord.
Bien sur, c'est absolument incroyable de tenir une classe, mais c'est surtout incroyablement difficile.
Préparer sa journée de classe en ne sachant absolument pas comment ça va se dérouler en réalité, en ne sachant pas quoi attendre de tes élèves, en prévoyant toujours des séances beaucoup trop longues ou beaucoup trop courtes. En oubliant parfois que tu es de service pour surveiller la cour, ou de déposer les fiches d'appel au bon endroit à la bonne heure...

Alors voilà. C'est bon, ça a commencé.
Cette année, je vais faire énormément d'erreur et je vais beaucoup apprendre. Apprendre un métier mais pas seulement. Entrer dans un milieu professionnel, dans une équipe. Apprendre aussi à me connaître moi même.
Une nouvelle vie commence.

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