Être ou ne pas être (prof).

La remise en question est grande. Depuis que j'ai obtenu mon concours et que j'ai commencé à travailler en tant que prof, certaines choses m'ont tout de suite dérangée. Mais on se dit tout d'abord que c'est le début, que l'alternance nous fatigue, que c'est le cas dans cette école mais pas forcément partout.
L'année suivante, j'ai commencé à travailler à temps plein. L'alternance ne pouvait plus servir d'alibi, et j'étais toujours, dans le fond, dans la remise en question. Mais une fois encore, la situation était particulière, j'avais quatre classes, je bossais dans deux écoles, et j'avais une classe particulièrement difficile (du moins c'est comme ça que je l'ai ressenti à l'époque).
Et puis il y a cette année. Une fois encore cette impression de n'être qu'à moitié à ma place. L'impression surtout, et plus le temps passait plus j'ai mis le doigt sur ce qui n'allait pas, que ce métier aurait pu être fait pour moi, mais que la situation dans laquelle ce métier met les gens représente tout ce que je déteste. Mais encore et toujours, comment donner son avis tant qu'on n'a pas encore eu sa propre classe ? Et pourtant, je me traîne ces doutes depuis trois ans, et je me demande si ça n'est pas exactement ce qu'on attend de nous. Subir, en brave petit soldat que nous sommes, dans l'espoir de se retrouver enfin un jour à pratiquer le métier qui nous donnait tant envie...
Mon écriture est un peu décousue parce que je n'arrive pas à rester en dehors, à garder suffisamment de recul sur ma situation pour savoir quelle part de ma remise en question vient réellement de moi et quelle part vient de l'extérieur. Ce que je sais, par contre, c'est que je n'arrive plus tellement à retrouver mon optimisme, ces choses qui me donnaient envie, malgré tout, d'aller au bout, de continuer, d'attendre et d'espérer. Et je me sens cynique, et pessimiste, et pourtant j'ai l'impression de n'avoir jamais été aussi optimiste que depuis que j'ai accepté l'idée qu'une autre carrière professionnelle était possible.
Aujourd'hui, je suis professeur des écoles. J'aime mes élèves. Mais je n'aime pas vraiment mon métier.
Demain, je serai peut-être enfin satisfaite. Ou bien je serai ailleurs... Quelle que soit l'issue, je n'aurais jamais essayé de faire mieux et c'est tout ce qui m'importe.

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